Le procès des génocidaires rwandais

Quels sont les enseignements du procès des génocidaires rwandais ?
– Il y a eu 6 millions de morts juifs.
– Comment le savez-vous ? Vous les avez comptés ?

Echanges avec Klaus Barbie

Lors du procès des deux bourgmestres Octavien Ngenzi et Tito Barahira, acteurs du génocide des Tutsis au Rwanda, l’avocat général M. Courroye a prononcé le 1er juillet 2016 un réquisitoire à la hauteur de l’enjeu (en attaché). Ce procès historique s’est conclu par deux condamnations à perpétuité rendues possibles par l’introduction récente en droit de la « compétence universelle ».

Le XXième siècle fut marqué par l’occurrence successive de génocides dont celui des Arméniens, des Juifs d’Europe et des Tutsis au Rwanda. Plus de 50 ans après la ‘banalité du mal’ de Hannah Arendt, à l’occasion de ce procès, c’est l’humanité tout entière qui est convoquée en chacun de nous : entre nuque raide et échine courbée, autonomie et programmation, , reconnaissance et déni… Nous sommes tous pris dans ces tensions profondes dont l’enjeu est de passer des ténèbres à la lumière et de s’édifier. Rien ne nous permet d’affirmer qu’il n’y aura pas encore un génocide au XXIième siècle. Rien ne nous permet d’affirmer que l’humanité « progresse ». Un examen est nécessaire.

A l’occasion de son intervention, M. Courroye reviendra sur les enseignements de ce procès historique :

  1. Qu’est ce que « la compétence universelle » qui a permis ce procès ? Pourquoi et comment juger de faits qui se sont déroulés ailleurs il y a des décennies ?
  2. Pourquoi cette récurrence des génocides au XXième siècle ? Quelles leçons n’avons-nous collectivement pas tirées de l’Histoire ?
  3. Où et comment s’enracinent la négation de l’autre, l’idéal de pureté, la volonté d’éradication et de nettoyage ? Quels sont les ressorts humains, politiques et organisationnels qui font qu’un génocide peut se produire à l’échelle d’un peuple ? Quelles sont les vigilances et les capacités qui font encore défaut ?

L’intervention a été suivie comme à l’accoutumée d’un échange approfondi avec l’audience.

Mini bio du conférencier: Après des études de droit et à l’Institut d’études politiques de Paris, Philippe Courroye intègre l’École nationale de la magistrature. Il sort en 1985 quatrième de sa promotion (sur 232). En décembre 1986, il est nommé juge d’instruction au TGI de Lyon. En octobre 1996, il est promu substitut du procureur général siégeant à la cour d’appel de Lyon. Le 20 juillet 1999, il rejoint le pôle financier du TGI de Paris comme premier juge d’instruction. À ce titre, il instruit de nombreuses affaires dont celles de Pierre Falcone, Charles Pieri ou du Crédit lyonnais. Il est le magistrat instructeur de l’affaire du trafic d’armes vers l’Angola (Angolagate), du volet français de l’affaire Pétrole contre nourriture, du dossier Pierre Bédier. Par décret du 8 mars 2007, il est nommé avocat général près la cour d’appel de Versailles pour exercer les fonctions de procureur de la République près le tribunal de grande instance de Nanterre. Le 3 août 2012, il devient avocat général à la cour d’appel de Paris. Il dispense le cours de « Droit Pénal Économique » à Sciences-Po Paris.

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